COMMISSION EUROPéENNE : DERRIèRE LA DéMISSION DE THIERRY BRETON, LA PERTE D’INFLUENCE DE LA FRANCE à BRUXELLES

Les autorités françaises, cet été, n’en finissent pas de se donner en spectacle, pour le meilleur (les Jeux olympiques) et pour le pire (les coups de théâtre et atermoiements politiques). Après les épisodes à suspense de la dissolution, du choix du Premier ministre puis de la composition du gouvernement, voilà celui du commissaire européen de la France qui démissionne avec fracas sur les réseaux sociaux à la veille de la première journée de la plénière du Parlement européen. Objectivement, ça fait désordre. On savait les relations de Thierry Breton et d’Ursula von der Leyen houleuses, la seconde ne supportant plus la place et les libertés prises par le premier : l’ex-ministre français des Finances avait ouvertement engagé au printemps une campagne contre la reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission, lui reprochant une éthique douteuse, et s’était fendu cet été d’un avertissement en solo à Elon Musk qui n’avait guère été apprécié en haut lieu à Bruxelles.

Bref, le torchon brûlait. Mais s’il ne s’agissait que du choc de deux ego, ce ne serait pas dramatique, les politiques nous en ont donné l’habitude. Le plus important, c’est le nom du successeur de Breton et surtout son périmètre d’activités. Or, l’encre du communiqué du commissaire démissionnaire était à peine sèche que l’Elysée annonçait proposer la nomination du ministre des Affaires étrangères démissionnaire, Stéphane Séjourné, à un poste qui couvrirait «les enjeux de souveraineté industrielle, technologique et de compétitivité européenne». Un proche d’Emmanuel Macron, donc, qui n’a pas hésité à sacrifier Breton pour garder la main sur les affaires européennes, mais sur un périmètre qui ne semble pas intégrer la défense, un dossier crucial à l’heure du réarmement général. Cela signifie que la France a sacrément perdu en influence. Ursula von der Leyen a-t-elle gagné en fermeté pour autant ? Elle s’est débarrassée d’un ennemi mais elle n’est toujours pas parvenue à obtenir la parité au sein de ses commissaires. La France n’avait-elle donc aucune femme de valeur à proposer ?

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