7 OCTOBRE : EST-IL VRAI QUE 50 SURVIVANTS DU FESTIVAL NOVA SE SONT SUICIDéS ?

Question posée par Nicolas L. le 16/04/2024

Ce mardi 16 avril, au cours d’une audition au Parlement israélien sur les possibles manquements de l’Etat dans la prise en charge des victimes, un rescapé du festival Tribes of Nova du 7 Octobre, Guy Ben Shimon, a fait une déclaration choc : «50 survivants [du massacre] se sont suicidés. Ce chiffre date de deux mois. Il a peut-être augmenté.» Début mars, dans une interview accordée au site YNet, Guy Ben Shimon déclarait déjà «qu’il y avait beaucoup de gens de Nova qui se sont suicidés».

La déclaration a été reprise dans de nombreux médias. Mais le ministère de la Santé lui a rapidement apporté, par voie de communiqué, un démenti. «Les données sur le nombre de suicides et le nombre d’hospitalisations parmi les survivants du festival Nova ne sont pas connues du ministère de la Santé et du système de santé mentale.» Et de préciser que le chiffre avancé en séance «n’est pas exact». «Le Dr Gilad Bodenheimer, chef de la division de santé mentale au ministère de la Santé, souligne que les rumeurs sur le nombre de suicides et le nombre d’hospitalisations parmi les survivants du parti Nova ne sont pas vraies, comme cela a également été dit lors de la discussion parlementaire, et en conclusion de celle-ci.» Bodenheim note que ce chiffre ne semble connu de l’association des victimes du festival, ni d’autres services participant au suivi des survivants.

La question du traumatisme des survivants, souvent témoins de massacres (parfois de proches), est un enjeu majeur en Israël. Un mois après les massacres, Daniel Raz, représentant du ministère de la Justice, avait déclaré à la presse – après une audition devant la commission de la santé de la Knesset – qu’au moins 10 survivants du festival avaient été hospitalisés de force dans des établissements psychiatriques. Un rapport présenté lors de la réunion, cosigné par plusieurs médecins, posait par d’ailleurs «la question de savoir si et quand [le ministère de la Santé] sera en mesure de procéder à l’évaluation [du nombre de personnes nécessitant diverses formes de traitement psychiatrique à la suite du 7 Octobre et de la guerre qui a suivi]». Le même document relevait qu’à cette date, les quatre principaux organismes de santé israéliens avaient été submergés de demandes d’assistance psychologique.

Mi-décembre, le docteur Zivya Seligman, directrice du Centre Lotem pour le traitement des victimes d’agressions sexuelles à l’hôpital Ichilov, avait elle aussi interpellé le parlement sur cette question. «Savez-vous combien de personnes se sont suicidées depuis le 7 Octobre ? De nombreuses personnes sont anormalement suicidaires. Nous savons qu’il y a beaucoup de suicides. Nous traitons également des patients du Nova qui sont restés allongés pendant des heures et ont entendu les agressions sexuelles tout en s’identifiant à eux, et en essayant de leur sauver la vie. Nous avons 200 personnes sur notre liste d’attente. Le temps d’attente est de deux ans»… Sollicitée par CheckNews sur ces questions, et sur l’estimation du nombre de gestes suicidaires (tentatives de suicide ou suicides) parmi les survivants, Zivya Seligman a confirmé ne pas disposer de chiffres.

Sollicité par CheckNews, Guy Ben Shimon nous a précisé – ce 17 avril – s’être basé sur des éléments échangés sur une boucle WhatsApp, dans laquelle échangent les parents des survivants du festival. Il nous précise que lors de son audition devant la Knesset, des discussions ont suivi sa déclaration sur une cinquantaine de victimes. Les différentes parties prenantes ont confirmé que s’il y avait «bien eu des suicides», «le nombre n’était pas celui que j’avais donné». «Mais la question n’est pas tant combien il y en a : n’y en aurait-il eu qu’un, ce serait déjà trop».

Mise-à-jour du 17 avril à 10h25 : ajout du dernier paragraphe, avec la déclaration de Guy Ben Shimon.

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