« C’EST INDIGNE » : UNE FAMILLE ENDEUILLéE CONTRAINTE DE PORTER LA DéPOUILLE DE SON PèRE SUR PLUS DE 500 MèTRES

Antoine est décédé à l’âge de 74 ans. Il vivait à Sales, une commune de Haute-Savoie, dans un ancien moulin transformé en écurie, au bout d’un chemin rural, partiellement effondré et déclaré impraticable par la mairie, propriétaire de ce passage. Quand Chloé, la fille d’Antoine, l’a découvert sans vie chez lui, le 27 mars dernier, elle a appelé les secours, qui sont descendus à pied au domicile de son père.

Les pompiers lui ont alors expliqué qu’elle devrait probablement remonter son corps seule « car personne ne viendrait ». Aidée par sa mère, sa sœur, son frère et deux employés des pompes funèbres, Chloé a dû donc transporter la dépouille de son père sur un brancard, sur plus de 500 mètres, à pied, rapporte Le Dauphiné Libéré.

« Pour une famille dans le deuil, c’est indigne. Où est l’humanité dans tout ça ? », demande Chloé. « Je les avais tous prévenus », a-t-elle déclaré avec amertume auprès du journal local. Elle alertait depuis plus d’un an sur les conséquences de l’isolement de son père, qui vivait seul depuis trente-cinq ans au bout de ce sentier. « La mairie a laissé mon père vivre sans chemin, sachant qu’il était malade et que personne ne pourrait lui venir en aide. (…) Il a été laissé-pour-compte », estime Chloé.

« Je ne savais pas qu’elle avait aidé à remonter le corps »

Mais si ce chemin rural appartient bien à la mairie, elle n’est pas dans l’obligation de l’entretenir, contrairement aux voies communales. Pour la municipalité, le sentier, laissé à l’abandon depuis trois décennies, est condamné. La maison, située en zone inondable, n’était pas raccordée à l’eau potable.

De plus, une extension construite dans les années 2 000 a été réalisée sans permis de construire et son propriétaire, condamné, n’a jamais payé les indemnités. La mairie avait cependant proposé de créer un nouveau chemin passant dans un champ privé, mais cela nécessitait une longue procédure judiciaire, qu’Antoine n’avait ni la force ni les moyens d’engager.

Contacté par Le Dauphiné Libéré, le maire de Sales, Yohann Tranchant, a assuré qu’il n’avait jamais voulu laisser la famille dans la détresse. « Je ne savais pas qu’elle avait aidé à remonter le corps, c’est une issue regrettable », affirme-t-il.

2025-05-09T13:16:42Z