CENSURE : PLUS DE 500 ARTISTES INTERPELLENT VINCENT BOLLORé APRèS LA DISPARITION DE ZAHO DE SAGAZAN DES ONDES DE LAGARDèRE

Ils ne voulaient pas rester silencieux sur ce sujet. Dans les colonnes du Parisien, plus de cinq cents artistes ont signé une lettre ouverte adressée à Vincent Bolloré, le patron des groupes Canal + et Lagardère, lui demandant des explications quant à l’arrêt des diffusions des chansons de Zaho de Sagazan sur les radios de son empire médiatique.

Si la chanteuse de 24 ans connaît depuis la sortie de son premier album, La symphonie des éclairs, un grand succès, lui valant notamment quatre récompenses aux Victoires de la musique en 2024, elle a subitement disparu des ondes du groupe Lagardère – Europe 1, Europe 2 et RFM – début juillet, comme le révélait le magazine Closer. La raison ? Le 2 juillet, elle partageait en story Instagram une enquête vidéo du Monde sur les magouilles de l’émission Europe 1 On marche sur la tête, animée par Cyril Hanouna. Elle accompagnait sa publication d’un «gros mais vraiment gros, gros fuck à Cyril Hanouna» et dénonçait la «diabolisation de la gauche et dédiabolisation de l’extrême droite par les médias, depuis des semaines, absolument immonde».

Et depuis, c’est silence radio. Selon une enquête du Parisien, la chanson phare de Sagazan, la Symphonie des éclairs, est passée de quatorze à une diffusion par semaine sur RFM, de deux à aucune sur Europe 1 et a chuté de 20e titre le plus joué d’Europe 2 à une «évaporation».

Une réaction qui a poussé plus de cinq cents artistes de tout bord, dont Angèle, Renaud, Feu ! Chatterton, Barbara Pravi, Juliette Binoche, Julie Gayet, Annie Ernaux, Virginie Despentes, ou encore les humoristes Blanche Gardin et Thomas VDB, à signer une missive publique, adressée au patron de Lagardère, pour partager leur inquiétude. «Nous refusons d’imaginer un monde où ce genre de répercussion à une parole libre puisse arriver», écrivent-ils après avoir souligné qu’il était difficile de ne pas voir un «lien de cause à effet» dans cette chute drastique de la diffusion de Zaho de Sagazan.

«Nous refuserons toujours de nous laisser intimider par ce genre de pratiques. Au nom de la liberté d’expression, nous considérons que s’il est bel et bien question d’une réaction de boycott de la part de vos médias, la situation est inadmissible», poursuivent-ils. Et de conclure : «Nous ne nous tairons pas et attaquerons systématiquement toute mise au ban d’un·e artiste dont les opinions et les propos ne conviendraient pas à la direction d’un média culturel.»

Alain Liberty, directeur général des radios musicales du groupe Lagardère, évoque dans un entretien du Parisien jeudi, des «accusations sans fondements», un «procès d’intention regrettable» : «nous ne confondons pas un engagement personnel et une œuvre», assure-t-il. Pour Europe 2, il évoque «une nouvelle orientation d’identité musicale, privilégiant une programmation plus rythmée, festive et joyeuse». Pour les autres radios, il ajoute que «La Symphonie des éclairs» est un titre «en fin de carrière». Interrogé par l’AFP, Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, a renvoyé au magazine Harper’s Bazaar, dans la galaxie Bolloré, qui fait sa Une sur Zaho de Sagazan.

Mise à jour : vendredi 26 juillet, à 7 heures 30, avec la réaction du groupe Lagardère.

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