ELLE DéTOURNE POUR 48 000 EUROS DE JEUX à GRATTER DANS UN BAR DU SUD FINISTèRE

« Je n’ai jamais rien volé. Certes, j’ai pu oublier de payer quelques fois des jeux, mais rarement. Il devait y avoir des erreurs de caisse, de manipulation » s’est exclamée cette jeune femme de 24 ans qui, poursuivie pour un abus de confiance pour un préjudice estimé à 48 000 euros en jeux à gratter de la Française des jeux (FDJ), comparaissait ce lundi devant le tribunal correctionnel de Quimper. Elle sera fixée sur son sort le 3 juin, date du délibéré.

C’est à la suite du bilan financier effectué en septembre 2022 que la comptable de ce bar-tabac jeux du Sud Finistère a alerté le propriétaire sur un manque à gagner de 48 000 euros sur les jeux à gratter de la FDJ. Un constat amer pour cet homme qui a de suite fait le rapprochement avec l’embauche d’une jeune salariée, les écarts de caisse ayant débuté dès son arrivée. Comme il l’a expliqué dans sa plainte aux gendarmes, chaque carnet de jeux à gratter est scanné avant d’être vendu. « Nous avons constaté une différence d’environ 48 000 euros sur un an entre les tickets scannés et ceux qui étaient vendus. Impossible que ce soit une erreur de caisse. »

Des écarts de 56 à 300 euros par jour

Ne disposant pas de caméras dans son établissement, il a monté une petite souricière sur trois jours, contrôlant soigneusement les ventes de ticket après avoir dressé un inventaire du stock. Il a alors constaté un différentiel allant de 56 à 300 euros par jour, notamment sur les ventes de tickets Cash et Millionnaire. La salariée a été licenciée suite à la plainte, et les écarts de caisse ont cessé.

Les gendarmes ont procédé à des investigations qui ont révélé que la jeune femme déposait régulièrement des espèces sur son compte bancaire, dans une agence située à quelques mètres de son lieu de travail. Des virements et paiements PayPal de la FDJ ont aussi été découverts.

« C’étaient mes étrennes et des versements d’argent de ma famille pour mon anniversaire » s’est défendue la jeune femme, arborant une assurance qui a surpris l’avocate de la partie civile, Maître Dominique Le Guillou-Rodrigues. « Alors je ne comprends pas les dépôts qui sont faits en juillet notamment. On est loin de Noël et du mois de naissance » a ironisé cette dernière. De plus, les enquêteurs ont démontré que, sur une seule journée, 60 lignes de jeux avaient été activées sur l’application de la FDJ.

« Elle était addict au jeu au moment des faits »

« Je reconnais qu’il m’arrivait de jouer de temps en temps mais en payant. Quand je gagnais, ce qui arrivait régulièrement, je mettais de l’argent sur le compte et j’en gardais un peu pour en racheter. C’est pour ça qu’il n’y a pas de tickets de carte bleue à mon nom » a affirmé la prévenue, employée sur trois jours pour un salaire mensuel de 900 euros en moyenne. Et d’ajouter : « Mon patron jouait aussi et je retrouvais des tickets grattés à côté de la caisse. Il me disait de les laisser là » .

L’auditrice de justice ne s’est pas laissée convaincre par les arguments de la prévenue qui a nié toute addiction au jeu. « Madame a pu oublier de payer quelques tickets mais des erreurs de caisse ou de manipulation pour des dizaines de milliers d’euros, je n’y crois pas. Elle était addict au jeu au moment des faits ». Elle a requis à l’encontre de la jeune femme, au casier vierge de toute mention, six mois de prison avec un sursis probatoire de deux ans. L’avocat de la défense a demandé la relaxe de sa cliente, arguant que la victime jouait aussi, que l’abus de confiance n’avait pas été imputé réellement à sa cliente et qu’il existait sûrement entre les deux parties un conflit qui aurait dû se régler devant le conseil de prud’hommes. Le jugement a été mis en délibéré au 3 juin.

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