« JE LUI DIS QUE JE NE VEUX PAS » : L’HUMORISTE DJIMO PLACé SOUS LE STATUT DE TéMOIN ASSISTé POUR « VIOL COMMIS EN RéUNION »

Le #MeTooStandUp continue de prendre de l’ampleur. Djimo et Lenny M’Bunga, deux humoristes de la troupe du Paname Art Café, le célèbre établissement de stand-up du XIe arrondissement de Paris, sont visés par des accusations de viol. À la suite d’une plainte déposée en mars 2023 par une régisseuse de l’établissement, une information judiciaire a été ouverte en janvier 2024 pour « viol » par le parquet de Bobigny.

Djimo et Lenny M’Bunga ont tous les deux été « placés sous le statut de témoin assisté » - un statut juridique utilisé quand les conditions de la mise en examen ne sont pas requises -, le premier pour « viol commis en réunion » et le second pour « complicité de viol commis en réunion », a fait savoir le parquet de Bobigny au Parisien, confirmant une information de Mediapart.

« C’était vraiment des bons potes »

À la fin de l’été 2015, Élise Vigné est âgée de 21 ans. Comédienne de métier, la jeune femme travaille comme régisseuse au Paname Art Café depuis quelques mois. « C’était une ambiance familiale. Même quand on ne travaillait pas, on y restait. Ça faisait un peu MJC », raconte-t-elle au Parisien.

Parmi sa bande de « potes », il y a les humoristes Djimo et Lenny M’Bunga. Tous les deux se produisent régulièrement sur la scène de l’établissement. « On était tous les soirs ensemble, c’était vraiment des bons potes, on avait déjà passé plusieurs soirées ensemble », se souvient-elle.

À la fin de l’été 2015, la jeune femme invite la bande chez elle. Les deux humoristes sont présents. La soirée prend fin et Élise se rend dans sa chambre avec Lenny M’Bunga, avec qui elle a une relation sexuelle consentie, selon son récit. Après le rapport, l’humoriste de 32 ans aujourd’hui quitte la chambre.

« Votre parole contre la leur »

Allongée sur le ventre, Élise commence à s’endormir. Elle l’entend la porte s’ouvrir. « Quelqu’un rentre dans la chambre, je pense que c’est Lenny. Il me pénètre. Je lui dis que je ne veux pas, que je suis fatiguée. D’un coup, la personne se lève et part en courant », relate-t-elle.

Des faits qu’elle confie rapidement à l’un de ses amis, le comédien Akim Omiri. Selon la jeune femme, ce dernier a assisté à un sketch de Lenny M’Bunga, qui « blague sur le fait de s’échanger une fille avec un pote ».

C’est cette scène qui a décidé la régisseuse à porter plainte quelques mois plus tard au commissariat de Montreuil, où elle réside à l’époque. « Quand je suis arrivée dans le bureau, le policier m’a dit ils sont deux, vous êtes toute seule. Ce sera votre parole contre la leur. Est-ce que vous êtes sûr d’avoir la force ? », raconte-t-elle, expliquant avoir finalement renoncé à porter plainte. Elle le fera finalement en mars 2023.

« On me reproche d’avoir porté plainte huit ans après. Mais en 2015, le monde n’était pas prêt. Je ne connais aucune femme qui est devenue célèbre quand elle a dénoncé le comportement de quelqu’un », répond-elle face aux accusations.

Une « cabale médiatique »

Une dizaine de mois après sa plainte, une information judiciaire est ouverte pour « viol » par le parquet de Bobigny. Djimo est placé sous le statut de témoin assisté pour « viol commis en réunion », Lenny M’Bunga, lui, pour « complicité de viol commis en réunion ».

La preuve, selon les deux avocats de Djimo, qui conteste fermement les faits, « de la faiblesse des charges ». « Si la juge d’instruction l’a placé sous le statut de témoin assisté, c’est qu’elle considère qu’elle n’a pas assez éléments pour le mettre en examen. Ça veut dire beaucoup », expliquent au Parisien Mes Gabriel Dumenil et Marc Bailly, qui évoquent « une entreprise de dénigrement sur les réseaux sociaux ».

« Il y a une enquête, une instruction judiciaire, et au lieu de se réserver pour la justice, cette jeune femme en fait une cabale médiatique », dénoncent-ils. « Il s’agit de la vie d’un homme qu’on jette en pâture sur les réseaux sociaux, avec des répercussions déjà visibles sur sa vie personnelle et sa vie professionnelle », critiquent les deux avocats, rappelant que « le temps des réseaux sociaux se marie très mal avec le temps judiciaire ».

Un avis partagé par Me Romain Dieudonné, l’avocat de Lenny M’Bunga. L’humoriste, lui aussi placé sous le statut de témoin assisté, « conteste avoir commis la moindre infraction », explique son avocat au Parisien. « Le seul rapport qu’il a eu avec la plaignante était consenti », ajoute-t-il. « Ce statut de témoin assisté montre bien qu’il n’y a pas en l’état assez d’éléments pour les mettre en examen », poursuit le conseil.

L’humoriste, qui fait des impros depuis dix ans, n’a « aucun souvenir du sketch évoqué », précise Me Romain Dieudonné, rappelant que la plainte déposée par Élise Vigné vise uniquement Djimo.

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