«L’ÉTAT N’A PAS à PAYER UN VOL RETOUR»: CE QUE PEUT (ET NE PEUT PAS) FAIRE LA FRANCE POUR LES VOYAGEURS BLOQUéS EN TANZANIE

Depuis la fin octobre, la Tanzanie connaît une période de fortes tensions politiques et sociales après les élections générales, entraînant des restrictions de déplacement et la suspension de plusieurs liaisons aériennes. Les compagnies KLM et Air France, très présentes dans la région, ont dû interrompre ou réduire leurs vols, compliquant le retour de centaines de voyageurs.

Contactée par Le Figaro, Julie Carron fait partie des voyageurs français à avoir pu quitter le pays d’Afrique de l’Est, réputé pour ses safaris, ce week-end. Après plusieurs jours d’attente marqués par l’annulation en chaîne de plusieurs vols commerciaux, son groupe et elle ont été placés sur un vol Kenya Airways à destination de Nairobi samedi soir, avant d’embarquer sur une correspondance Air France pour Paris. 

«Nous sommes placés sur les sièges disponibles des vols encore opérés, explique la jeune femme. Nous ne bénéficions pas d’une priorité particulière auprès des compagnies».

Nairobi et Addis-Abeba, des points de transit improvisés

Alan et Camille, en voyage avec leurs deux enfants, faisaient eux aussi partie des familles bloquées à l’aéroport tanzanien du Kilimandjaro depuis mercredi. «Devant l’absence totale de réactivité d’Air France et grâce à notre agence, nous nous sommes positionnés sur un vol Ethiopian Airlines dimanche 2 novembre», raconte Camille. Après 24 heures en Éthiopie, la famille a rejoint Addis-Abeba, avant une correspondance pour Bruxelles, «faute de mieux», Air France refusant alors de prendre en charge la suite du trajet vers Paris. «Nos proches ont fait quatre heures de route pour venir nous récupérer» explique la mère de famille.

Selon le couple, les voyageurs déjà en transit ont dû compter sur eux-mêmes : «La majorité des gens aujourd’hui rentrés le doivent à leur propre initiative et à l’aide de leurs proches ou agences». Camille souligne la difficulté de joindre la compagnie aérienne : «Il est quasiment impossible d’avoir un interlocuteur Air France par téléphone». Contacté par Le Figaro, le transporteur a indiqué qu’à l’heure actuelle, «tous les clients» ont été rapatriés. La compagnie précise que ses vols vers la plateforme de Kilimandjaro ont repris ce dimanche 2 novembre, et que «tout a été mis en œuvre pour assurer le retour de l’ensemble de ses clients dans les meilleurs délais».

Camille et Alan déplorent également un soutien gouvernemental limité : «Notre seule assistance officielle a été celle de l’ambassade, via des messages collectifs au long de la crise et un échange direct avec l’ambassadrice le 31 octobre dans l’après-midi».

Ambassades et consulats : une aide partielle en zone de crise

Face aux griefs de voyageurs livrés à eux-mêmes, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères rappelle clairement le cadre de l’action consulaire. Selon une source diplomatique jointe par Le Figaro, la situation en Tanzanie ne relève pas du champ d’intervention direct de l’État français. «À partir du moment où des vols commerciaux continuaient d’opérer, même en nombre limité, l’État intervient uniquement en accompagnement », explique-t-elle. Air France, KLM mais aussi d’autres compagnies comme Ethiopian Airlines maintenaient encore certaines liaisons samedi, ce qui, selon le ministère, suffisait pour permettre aux voyageurs de trouver un itinéraire de retour.

Dans ces circonstances, le rôle de l’ambassade se limite alors à apporter des conseils, orienter les voyageurs et rappeler les démarches à suivre : «Un accompagnement a été assuré pour expliquer aux Français la marche à suivre pour trouver un vol commercial et rentrer». Mais pas d’intervention logistique ou financière directe. La protection consulaire répond à un cadre juridique précis, basé sur la Convention de Vienne. Elle vise à soutenir les Français en cas d’urgence vitale, d’arrestation, d’accident grave ou de danger immédiat - pas à compenser les difficultés rencontrées lorsque les conditions locales se dégradent.

Pour ce type de crise, les consignes restent les mêmes : suivre les Conseils aux voyageurs publiés sur diplomatie.gouv.fr, s’inscrire sur la plateforme Ariane et disposer d’une assurance couvrant les imprévus. «Nous intervenons dans de très nombreuses situations critiques, mais ici, les conditions de transit restaient réunies. Le rôle du consulat est d’informer, pas de remplacer les acteurs économiques locaux ni d’organiser des rapatriements tant que ce n’est pas indispensable».

2025-11-04T16:15:29Z