C’est un nouvel avertissement. Après celui de la Cour des comptes, il vient cette fois des marchés financiers. Emprunter coûte de plus en plus cher aux finances publiques.
La nouvelle aurait pu passer inaperçue. Le ministre de l’Économie a préféré la rendre publique. Une façon de prendre les Français à témoin. Depuis vendredi soir, « la France emprunte à des taux plus élevés que l’Italie ». La concurrence joue aussi sur ce sujet. Et d’autres pays sont désormais considérés comme moins risqués. Le fardeau est surtout de plus en plus lourd à porter pour l’État. Cette année, « il faudra consacrer 67 milliards d’euros au remboursement de la dette. C’est plus que le budget de la Défense », insiste Éric Lombard. « Dans trois ans, ce sera 100 milliards d’euros », ajoute-t-il.
D’où l’urgence de stabiliser le niveau de la dépense publique qui représente « 57 % du PIB, soit dix points de plus que la moyenne des pays européens ». Pas d’annonce ou pas encore sur les arbitrages qui seront rendus dans le cadre du budget 2026. Les premières orientations seront présentées le 15 juillet par le Premier ministre. Elles feront ensuite le jeu d’âpres négociations, de compromis. Dans le parc Jourdan, à Aix-en-Provence, sous un barnum écrasé par la chaleur, alors qu’on entend le chant des cigales, la France fait désormais profil bas. Le parti de la fourmi n’est plus une option mais une nécessité. À condition de ne pas buter sur une motion de censure.
L’heure est donc au déminage et à la pédagogie avec les présidents de groupes des différents partis. Le ministre de l’Économie les reçoit tour à tour. À Bercy, on se dit serein sur l’exercice 2025 qui est « dans les clous ».
Des annonces pourraient être faites ce week-end
Plus largement, à l’échelle européenne, l’heure est surtout aux ultimes négociations avec l’administration américaine sur les droits de douane. Des annonces pourraient être faites ce week-end.
Comment faire partager au plus grand nombre les turbulences actuelles ? Le ministre de l’Économie choisit une image, celle de la cour de récréation. « Imaginez-le avec des enfants jouant à la marelle, avec des surveillants veillant au respect des règles. Et puis trois caïds arrivent. Ils font tomber les tables, bousculent les enfants qui jouaient sagement. » C’est dans ce « monde de prédateurs » que nous devons apprendre à vivre, estime Éric Lombard. Lucide sur les défis à relever. « En réalité, nous sommes attaqués de partout. Sur le plan militaire, c’est l’Ukraine. Cela dure depuis trois ans, et cette attaque en fait touche l’Europe dans son ensemble. Nous sommes aussi attaqués sur le plan industriel par la Chine. Et nous sommes attaqués sur beaucoup de fronts par les États-Unis. »
Face à la Chine, Éric Lombard plaide pour un rapport de force passant par des barrières de douane et des discussions musclées. Pékin en son temps a su exiger des transferts de technologie. C’est au tour de l’Europe de le faire. « Sinon la politique chinoise va tuer notre industrie. »
2025-07-05T18:15:52Z