Le 26 avril 1986, lors d’un test de sécurité, le réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl explose. C’est la pire catastrophe nucléaire de l’histoire. Des radiations mortelles s’échappent, contaminant tout autour. Au total, plus de 135 000 personnes ont été évacuées des environs de la centrale dans les mois qui ont suivi l’explosion. Aujourd’hui encore, la zone d’exclusion de 30 kilomètres autour de la centrale reste dangereuse. Pourtant, contre toute attente, la vie semble s’accrocher. Des plantes repoussent, la faune réinvestit les lieux. Et dans ce désert radioactif, un étrange champignon noirâtre prospère jusque sur les murs du réacteur.
Ce champignon radiotrophe trouvé sur le site de Tchernobyl s’appelle Cladosporium sphaerospermum. Découvert dans les années 90, il défie les lois de la nature. Alors que les rayons gamma tuent tout sur leur passage, lui s’en nourrit. C’est grâce à un pigment nommé mélanine (le même que dans notre peau) que ce champignon noir est capable de se nourrir des radiations. Comme les plantes utilisent la lumière lors de la photosynthèse, ce champignon noir transforme les radiations en énergie chimique. Des recherches sont toujours en cours pour en savoir plus sur son fonctionnement, mais aussi sur ce qu’il pourrait apporter à la science.
Grâce à sa capacité à se nourrir des radiations, ce champignon pourrait se révéler bien utile aux astronautes. À la Station Spatiale Internationale, des scientifiques ont déjà testé la résistance d’une couche de champignon de 1,7 centimètre d’épaisseur dans une boîte de Petri. Les premiers résultats montrent qu’il peut bloquer 2 % des rayonnements cosmiques. Ce n’est pas assez, mais c’est une piste prometteuse. Pour les futurs voyages et séjours martiens, les chercheurs imaginent déjà des boucliers sur la surface de Mars ou des combinaisons imprégnées de mycélium pour se protéger contre l’éruption solaire. Ce champignon pourrait également servir de filtre efficace sur Terre dans les zones contaminées.
Oui, les radiations sont toujours là ! Dans la zone d’exclusion, certains endroits émettent encore plusieurs centaines de fois la dose recommandée. Près du réacteur, c’est pire, on atteint l’équivalent de la dose mortelle de radiation en quelques heures seulement. Malgré tous les travaux effectués et notamment la pose d’une arche de confinement au-dessus de l’ancien sarcophage qui enveloppait le réacteur détruit, les radiations sont toujours présentes. La troisième étape de la réhabilitation de Tchernobyl consiste à transformer le site en une "zone écologiquement sûre". Il faudra toutefois attendre encore plusieurs décennies avant de rendre ce lieu plus sûr.
2025-11-04T08:08:15Z