RIVIèRE DU MâT : LE DéPARTEMENT MIS EN DEMEURE PAR L’ÉTAT

Dans un arrêté publié début mai, l’État a mis en demeure le Conseil départemental afin de rétablir la continuité écologique de la rivière du Mât par l’arasement de l’ancienne prise d’eau "seuil Bengalis". Une première phase de travaux est d’ores et déjà prévue en 2026, répond la collectivité. Un arrêté qui en remplace un autre. […]

Dans un arrêté publié début mai, l’État a mis en demeure le Conseil départemental afin de rétablir la continuité écologique de la rivière du Mât par l’arasement de l’ancienne prise d’eau "seuil Bengalis". Une première phase de travaux est d’ores et déjà prévue en 2026, répond la collectivité.

Un arrêté qui en remplace un autre. Publié le 2 mai dernier, il modifie un précédent qui datait de mai 2024. L'objet ne change pas : la mise en demeure du Conseil départemental pour rétablir la continuité écologique de la rivière du Mât au niveau de l'ouvrage "seuil Bengalis". Une mise sous pression de la collectivité par l’État afin de répondre aux obligations réglementaires en matière de restauration écologique des cours d’eau, le "seuil Bengalis", situé à l’aval du pont de la RD 48, étant considéré en infraction régulière depuis le 31 décembre 2020. 

Une barrière “infranchissable”

Très dégradé”, l’ouvrage constitue “une barrière infranchissable pour les espèces aquatiques et impacte la biodiversité", alors que la rivière du Mât est un bassin versant majeur de l'île de La Réunion, "mais son état écologique est médiocre en raison de la fragmentation des milieux naturels", cadre la préfecture.

La prise d’eau crée une chute de 9 mètres et n’a plus d’utilité au sens d’aménagement hydraulique. Mis en service en 1975, l’ouvrage a connu des difficultés d’entretien dès sa mise en service. Les coûts élevés de réhabilitation du captage ont entraîné son abandon dans les années 2000.

L’État met également en avant la nécessité de mettre en œuvre d’ici fin 2025, "un dispositif alternatif de pompage permettant d’assurer la continuité du service d’alimentation en eau du périmètre irrigué de Champ-Borne". L’arrêté contraint la collectivité à respecter un calendrier précis : un démarrage des travaux d’ici le 1er avril 2026 pour un achèvement des travaux d’ici au 31 décembre 2027.

En réponse, le Département rappelle avoir hérité de cet ouvrage "obsolète" dans le cadre du transfert du réseau d’irrigation de Champ-Borne en 2012. Construit par l’État dans les années 60, l’ouvrage fut ensuite exploité par la commune de Saint-André jusque dans les années 2000. Il est depuis inexploitable.

Des études déjà réalisées

Le Département réfute être resté les bras croisés et indique avoir déjà réalisé un programme d'études "exhaustif pour sécuriser une opération rendue délicate par la nature du site : forte dynamique sédimentaire, berges vulnérables, proximité d'habitations et d'infrastructures routières. Des études topographiques, géotechniques, géophysiques et hydrauliques ont été menées sur plusieurs années pour garantir une démolition maîtrisée".

Dans ce cadre, l’entreprise Géolithe précise sur son site avoir mené des “sondages, profils électriques et des essais en laboratoire. Des terrassements dans le lit de la rivière ont été effectués, ce qui a constitué une des principales difficultés de ce chantier”.

C’est sur les recommandations de l’État que la collectivité indique avoir sollicité dès octobre 2023 un cadrage réglementaire auprès de la DEAL. Celui-ci a été formalisé par l'arrêté préfectoral du 3 mai 2024, valant mise en demeure de rétablir la continuité écologique au droit du seuil. Ce texte fixait également un calendrier indicatif, prévoyant un démarrage des travaux en avril 2025, détaille la collectivité. 

Un délai pour une intervention “optimale"

Mais "compte tenu des résultats des études et de la complexité des interventions à prévoir en rivière", le Département a jugé nécessaire de solliciter un délai complémentaire, "de manière à finaliser l'ensemble des procédures réglementaires et à garantir des conditions d'intervention optimales". Ce calendrier révisé, communiqué aux services de l'État, prévoit bien une première phase de travaux en 2026 et une seconde en 2027.

Ce choix technique et responsable permet de sécuriser les opérations et de limiter les risques liés à la saison cyclonique avec une absence d'intervention de novembre à mai, conclut la collectivité. A suivre. 

2025-05-09T09:17:07Z