Depuis la flambée de tensions indo-pakistanaises en 2019, symbolisée par l’échange de tirs aériens au-dessus du Cachemire, New Delhi comme Islamabad ont modernisé leurs flottes. D’un côté, l’Inde a acquis 36 chasseurs Rafale français ; de l’autre, le Pakistan a renforcé ses capacités avec une escadrille de J-10C chinois. Si ces deux appareils multirôles se présentent comme des fleurons de technologie, leurs origines, doctrines d’emploi et systèmes embarqués trahissent deux visions différentes de la puissance aérienne.
Le Dassault Rafale est un appareil de conception occidentale, pensé pour la polyvalence. Il peut aussi bien mener des frappes au sol que de la supériorité aérienne, la reconnaissance, voire l’appui tactique. Il s’inscrit dans une logique d’interopérabilité avec des systèmes variés (radars OTAN, armement de précision, satellites). Sa conception « omni-rôle » repose sur une grande maturité technologique et une adaptabilité rare.
Le Chengdu J-10C, dernière évolution du chasseur chinois J-10, est une machine plus jeune et plus orientée vers la supériorité aérienne et l’interception. Bien qu’il soit plus abordable financièrement, il a reçu des améliorations significatives : radar AESA (antenne active), fusion des capteurs, capacité furtive relative, et missiles modernes.
Les deux chasseurs sont dotés de radars AESA — une technologie de balayage électronique avancée permettant de détecter plusieurs cibles à longue distance, même dans un environnement brouillé.
• Le Rafale utilise le radar RBE2-AA conçu par Thales, reconnu pour sa fiabilité, sa portée (plus de 200 km) et ses capacités multitâches.
• Le J-10C est équipé d’un radar KLJ-7A, d’origine chinoise, également à balayage actif. Il affiche de bonnes performances, bien que les sources ouvertes soient plus prudentes quant à sa portée effective (environ 150 à 170 km).
Mais le jeu de la détection ne s’arrête pas au radar. Les Rafale indiens disposent d’un système de guerre électronique redouté : SPECTRA, qui intègre brouillage, détection d’alerte radar, et leurre infrarouge. Cette « bulle de survie » est considérée comme l’un des meilleurs systèmes passifs de défense au monde, permettant même de voler en mode furtif relatif.
Le J-10C dispose également de contre-mesures électroniques, mais la maturité du système chinois n’est pas jugée équivalente à celle du système français, surtout en situation de guerre électronique intense.
C’est ici que se joue l’essentiel. Le Rafale indien est armé de deux missiles redoutables :
• Le Meteor, missile air-air longue portée européen, considéré comme le meilleur de sa catégorie grâce à sa propulsion à statoréacteur et sa capacité à manœuvrer même au-delà de 100 km. Il offre une supériorité aérienne claire.
• Le Scalp, missile de croisière longue portée (plus de 500 km), permettant à l’Inde de frapper profondément dans le territoire adverse sans exposer ses chasseurs.
Le J-10C n’est pas en reste :
• Il est armé du PL-15, missile air-air à longue portée, également doté d’un autodirecteur radar actif. Sa portée est annoncée équivalente, voire supérieure à celle du Meteor (jusqu’à 200-250 km), mais sa précision dépend fortement des systèmes de ciblage et des capacités de fusion des capteurs.
• Il peut aussi emporter des missiles air-sol comme le YJ-91, missile antiradar, et le CM-400AKG, missile balistique air-sol supersonique, théoriquement capable de frapper des cibles terrestres ou navales.
Mais la puissance aérienne ne se mesure pas seulement en jets. Le véritable duel se joue aussi au sol, avec les systèmes de défense aérienne.
• L’Inde a acheté le système russe S-400 Triumph, une plateforme de défense anti-aérienne de très longue portée. Ce système peut engager simultanément plusieurs cibles à des distances de plus de 400 km, qu’il s’agisse de missiles balistiques ou de chasseurs. Il constitue un verrou dissuasif, rendant toute tentative d’incursion extrêmement risquée pour un adversaire.
• Le Pakistan a répondu en intégrant les systèmes HQ-9, la version chinoise du S-300 russe. Moins performant que le S-400, il reste redoutable, avec une portée de 200 km et la capacité de défendre de larges zones autour de ses bases aériennes.
L’Inde mise sur une supériorité qualitative, avec peu d’appareils très performants, capables de pénétrer les défenses et de frapper loin. Le Rafale, intégré à un écosystème d’armement occidental, répond à cette logique de frappe décisive.
Le Pakistan, de son côté, cherche à équilibrer le rapport de force par la quantité et l’intégration de technologies chinoises de dernière génération. Le J-10C complète une flotte de JF-17, plus rustiques mais produits localement, offrant une certaine autonomie.
À court terme, le Rafale indien conserve un net avantage technologique, notamment grâce au missile Meteor, au système SPECTRA et à sa polyvalence en environnement contesté. Mais le J-10C, couplé à une défense aérienne moderne et à des missiles longue portée, permet au Pakistan de maintenir une capacité de déni d’accès crédible.
Loin d’un simple affrontement technologique, cette rivalité incarne deux visions de la guerre moderne : celle du coup de maître d’un côté, et celle de la saturation stratégique de l’autre.
Mais la vrai question à poser est la suivante : qui de l’Inde ou du Pakistan est prêt à sacrifier plusieurs de ses chasseurs modernes, et de leurs pilotes, pour prouver sa détermination à l’autre ?
Pour l’instant, la rumeur de la perte d’un ou plusieurs Rafale indiens, qui auraient été abattus par La Défense antiaérienne pakistanaise, n’a pas été confirmée. Mais si ces pertes devaient se confirmer après parution de cet article, nul doute que cela pourrait donner un nouveau tournant au conflit. Et probablement pas celui de l’apaisement…
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2025-05-09T07:14:06Z