AFFAIRE TOTO LE SANGLIER : EUTHANASIE, MALADIE… ON FAIT LE POINT SUR LES DIFFéRENTES PROCéDURES

Sanglier apprivoisé par une famille du Pas-de-Calais, Toto fait l’objet de deux procédures judiciaires pour lui éviter la mise à mort

Grouïk - Sanglier apprivoisé par une famille du Pas-de-Calais, Toto fait l’objet de deux procédures judiciaires pour lui éviter la mise à mort

Toto peut-il sauver sa peau ? La décision de la justice d’abattre un sanglier domestiqué par une famille du Pas-de-Calais a provoqué une mobilisation nationale. Entre autres une pétition pour dire « non à la décision d’euthanasier Toto », a recueilli environ 90.000 signatures, jeudi. 20 Minutes fait le point sur les deux procédures en cours pour y voir un peu plus clair dans cette affaire.

Pourquoi Toto est-il menacé de mort ?

Le point de départ de cette affaire, c’est une enquête sur des violences entre chasseurs et une perquisition menée au domicile d’une famille domiciliée près d’Arras, dans le Pas-de-Calais. Selon La Voix du Nord, la gendarmerie y découvre une cinquantaine d’armes et un sanglier apprivoisé baptisé Toto. Deux infractions qui valent au propriétaire des lieux une comparution devant le tribunal judiciaire en janvier 2025. Contacté sur le sujet, le ministère public de la justice n’a pas donné suite.

Ce sanglier avait été récupéré blessé lors d’une partie de chasse à la fin de l’été 2023. Or, en France, la détention d’un animal sauvage prélevé dans la nature est interdite.

L’histoire rebondit il y a trois semaines avec une première décision de la cour d’appel de Douai d’euthanasier le sanglier. L’instance judiciaire avait été saisie par le procureur d’Arras. En effet, le ministère public avait déjà demandé la mise à mort de l’animal en raison d’une maladie contagieuse, mais la présidente du tribunal d’Arras s’y était opposée. La cour d’appel de Douai a donc tranché une première fois le 12 juillet.

Des solutions pour Toto ?

Dans cette histoire, la cour d’appel de Douai a été saisie une deuxième fois, la semaine dernière. La ville de Charleville-Mézières, dans les Ardennes, patrie des sangliers, et l’association de protection animale Stéphane Lamart ont déposé, à leur tour, un recours en référé pour s’opposer en urgence à l’euthanasie de Toto. L’audience a eu lieu lundi. La nouvelle décision de la cour d’appel est donc attendue ce vendredi, à 14 heures. « Ce procédé est inacceptable d’autant qu’il existe d’autres solutions, explique Stéphane Lamart à 20 Minutes. Mon association se propose d’accueillir Toto dans une ferme pédagogique où il sera isolé et pourra vivre sa vie de sanglier. »

Démarche identique de la part de Charleville-Mézières qui se propose aussi d’héberger l’animal. « Si la justice nous entend, l’animal sera bientôt relâché au sein du parc animalier municipal, un vaste espace clos de 34 ha au sein duquel s’ébattent déjà en liberté de nombreux animaux sauvages, dont de nombreux sangliers », avait souligné le maire Boris Ravignon, dans un courrier destiné à la justice.

Toto est-il vraiment malade ?

Le jugement de la cour d’appel de Douai se base sur un test prouvant que le jeune sanglier est atteint par la maladie porcine d’Aujeszky, une sorte de rage contagieuse qui peut être mortelle pour les animaux, mais sans danger pour l’homme. Selon Me Christophe Gérard, avocat de l’association Stéphane Lamart, la justice reproche au sanglier de représenter « un danger sanitaire » et s’appuie sur l’article 99-1, qui prévoit des mesures contre les chiens dangereux.

Or, cette maladie contagieuse est remise en question. « Un premier test attestait de la maladie, mais un second, réalisé quelques semaines plus tard, se révélait négatif. Il y a donc un doute sur la réalité de cette maladie. Il faudrait au moins une troisième prise de sang pour être fixé », note Stéphane Lamart. Contactée pour savoir où en est l’enquête sur cette maladie, la cour d’appel de Douai n’a pas répondu à nos sollicitations.

Une procédure loin d’être terminée ?

Si la cour d’appel doit rendre sa décision, ce vendredi, concernant les demandes de clémence de l’asso et de la ville, une autre procédure est en cours pour sauver l’animal. L’avocat de la famille d’adoption de Toto a, de son côté, déposé un pourvoi en cassation, le 17 juillet, pour contester également l’euthanasie.

Sur quels motifs exacts ? La maladie, la détention illégale ? Contacté à plusieurs reprises, l’avocat n’a pas, non plus, donné suite. Toujours est-il que l’animal, recueilli en novembre 2023 par une fourrière qui appartient à la communauté urbaine d’Arras (CUA), y est toujours hébergé et ne semble pas mesurer l’engouement qui se multiplie autour de sa personne. Le président de la CUA, Frédéric Leturque, refuse lui aussi sa mise à mort tout en concédant que Toto « grandit et que les conditions de garde qui garantissent la sécurité des agents de la fourrière et de l’animal ne sont aujourd’hui plus réunies ».

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